Baudelaire refuse le sentimentalisme, comme il l’écrit dans L’Art romantique : « La sensibilité du cœur n’est absolument pas favorable au travail poétique. La boue et l’or. La relation entre les fleurs et le mal peut aussi être une relation de possession : les fleurs appartiennent au mal dont le poète deviendrait le porte-parole. Le titre d’une des six sections du recueil, devient le titre de l’ensemble et caractérise donc tous les poèmes aussi bien ceux du Spleen que ceux de l’Idéal. Alchimie poétique : la boue et l’or (1re). des nouveaux programmes 2019 en classe de premières. Mais le titre Les Fleurs du mal dépasse l’expérience personnelle du poète pour extraire les fleurs hors du mal (sens local de la préposition « du ») : le mal devient susceptible de produire la beauté. Comme une fleur s’épanouir. Et la beauté » (Ibid.). Travail précieux pour nos classes, merci. Parcours : Alchimie poétique : la boue et l'or. PARCOURS : ALCHIMIE POETIQUE, LA BOUE ET L’OR - Saisir les enjeux du parcours - Appréhender les réseaux lexicaux des termes clefs : sens propres et figurés - problématisation - compréhension de la valeur métaphorique des termes - le recueil - épilogue inachevé pour l’édition de 1861 : … Alchimie poétique, la boue et l’or. « Une Charogne », Poème 29, « Spleen et idéal », Fleurs du Mal (1857). L’Alchimiste découvrant le phosphore, 1771 (Derby Museum and Art Gallery). Tout comme dans le poème « Une Charogne » tiré de « Spleen et idéal ». Les titres en couleur ou entre crochets ne doivent pas figurer sur la copie. », il développe le sens de l’oxymore du titre … [Transition] Ces transmutations qu’opère Baudelaire entre les deux matériaux que sont l’or et la boue, ne sont-elles pas le propre de toute poésie dont le rôle serait de transformer une matière informe en une forme porteuse de sens ? Baudelaire, le poète alchimiste. Mais Baudelaire révèle ici surtout son secret essentiel et du laid jaillit le précieux : « Ô vous, soyez témoins que j’ai fait mon devoir L’étude de la liste éloquente des synonymes proposée par le portail lexical du CNRTL (www.cnrtl.fr/synonymie/rebuts) est une bonne introduction à l’étude des carcasses de viandes peintes par Rembrandt au XVIIe siècle puis Soutine en 1925. « Et le ciel regardait la carcasse superbe ». Car le poète aime la beauté dans ce qu’elle a d’ambigu, de rebutant même : « Je m’avance à l’attaque, et je grimpe aux assauts, • Vers l’illustration d’une anthologie (Baudelaire, Hugo, Ponge et Queneau illustrés). Dans « L’Amour et le crâne », on voit l’Amour régner sur les hommes et leur faire croire à « un songe d’or » alors qu’il ne s’agit que d’un jeu « féroce et ridicule » mais dont les parties, l’Amour et les hommes, sont indissociables. » (« La Charogne »), Mais l’effet de fascination et de répulsion vient certainement de l’ambivalence du mal et du bien : « Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l’abîme, / Ô Beauté ? Ce poème est tout à la fois une adresse et un reproche ; y affleurent les sentiments mêlés d’attirance et de répulsion de l’amant-poète. Intérêt du sujet • Le sujet vous permet d’approfondir votre lecture des Fleurs du mal et de la mettre directement en relation avec la problématique annoncée par le titre du parcours. – Francis Ponge, « Morceau de viande », Le parti pris des choses, 1942. – Rembrandt, Bœuf écorché (1665, huile sur bois, 94 × 69 cm, musée du Louvre). Vous êtes ici : > Lycée > Séquences (première) > Les Fleurs du mal. • Pistes de prolongement artistique et culturel possibles : Joseph Wright of Derby. » in Mon cœur mis … C’est sa mission : il est un nouveau Prométhée qui apporte le feu à l’homme et permet aux « choses » humbles d’être élevées, sublimées au sens étymologique du latin (sublimis « suspendu en l’air, enlevé de terre »). Le parcours associé à l’étude des poèmes des Fleurs du Mal s’intitule « Alchimie poétique : la boue et l’or » et interroge nécessairement le rôle de l’artiste alchimiste qui pose son regard sur les rebuts du monde, sur « une charogne » ou sur « une mendiante rousse » dans le poème 88 des« Tableaux parisiens » (Fleurs du Mal, 1857) : son « haillon trop court » devient « un superbe habit de cour », la pauvresse est la muse du poète, le modèle qui enrichit son art. Baudelaire « dédie ces fleurs maladives », à Théophile Gautier ; chaque poème serait alors une « fleur maladive » où s’exprime la souffrance du poète. Nous pouvons tenter d’y répondre par un groupement d’œuvres qui prennent pour modèles des rebuts du monde et l’embellissent. » La puissance de l’artiste est là aussi. La puanteur était si forte, que sur l’herbe Or dans la science alchimiste « sublimer » c’est « séparer des autres par la chaleur les parties volatiles d’un corps » (CNRTL). Pratiquée en Égypte alexandrine, puis dans le monde arabo-musulman à partir du I er siècle après Jésus-Christ, l’alchimie est originellement une discipline technico-pratique, opérative, ayant pour but la transmutation des métaux vils, comme le fer et le plomb, en métaux nobles, tels l’or et l’argent. Exemple d’une progression en trois étapes sur l’objet d’étude / Mais que pour marcher droit / Tu chausses, / Muse, un cothurne étroit… » (« Art »). La poésie, parce qu’elle est une forme brève, est cet alambic qui permet d’extraire la quintessence du réel pour la mettre en mots, en images, en vers. On pourra rapprocher cette prose poétique des vers de Baudelaire étudiés dans la séquence précédente : « Et le ciel regardait la carcasse superbe Comment dire la beauté du mal ? » Or c’est bien la poésie, par son rythme et sa cadence, qui opère cette transformation. – Raymond Queneau, Battre la campagne, 1967. « Un Voyage à Cythère » dénonce l’illusion d’un beau lyrique et heureux et révèle l’omniprésence de la douleur et du macabre. [Synthèse] La formule Baudelairienne se révèle fondamentale pour comprendre son esthétique et ce travail de transmutation qu’il opère dans les Fleurs du mal. – Dans la lignée de « peinture à corps ouverts », Francis Bacon, réécriture de Soutine, une interprétation du thème : Figure with Meat (1954, Institut d’art de Chicago). La thématique du mal est présente sous différents aspects dans le recueil. Pour commencer, voici une citation essentielle extraite de « Bribes », Appendices aux Fleurs du mal (1857) : « J’ai pétri de la boue et j’en ai fait de l’or. La littérature d'idées : histoire littéraire et outils d’analyse, Montaigne, Essais – « Notre monde vient d’en trouver un autre », La Fontaine, Fables – Imagination et pensée au XVIIe siècle, Montesquieu, Lettres persanes – Le regard éloigné, Le roman et le récit : histoire littéraire et outils d’analyse, Lafayette, La Princesse de Clèves – Individu, morale et société, Stendhal, Le Rouge et le Noir – Le personnage de roman, esthétiques et valeurs, Yourcenar, Les Mémoires d’Hadrien – Soi-même comme un autre, Le théâtre : histoire littéraire et outils d’analyse, Lagarce, Juste la fin du monde - Crise personnelle, crise familiale, Marivaux, Les Fausses Confidences - Théâtre et stratagème, Molière, Le Malade imaginaire - Spectacle et comédie, Racine, Phèdre – Passion et tragédie (bac 2020), Beaumarchais, Le Mariage de Figaro – La comédie du valet (bac 2020), Beckett, Oh Les Beaux jours – Un théâtre de la condition humaine (bac 2020), Les épreuves anticipées et le programme d'œuvres, Expliquer un texte et présenter une œuvre à l’oral, Le Moyen Âge : les débuts de la littérature française, Le XVIe siècle : la Renaissance et la Réforme, Le XVIIIe siècle : le siècle des Lumières, Le XIXe siècle : du romantisme au symbolisme, Le XXe et le XXIe siècle : la modernité littéraire, Thème(s) : Baudelaire, Les Fleurs du mal – Alchimie poétique : la boue et l’or, double figure de la Débauche et de la Mort, Cours Terminales générale et technologique, Cours Premières générale et technologique. [Transition] Comment cette omniprésence de la mort, de la débauche, de figures infernales peut-elle être, paradoxalement, source de beauté ? Détritus, fange, ou métaphoriquement le mal, la boue est le premier matériau poétique de Baudelaire. Le mal qui envahit les poèmes sous des formes diverses mais dont la beauté à la fois fascinante et repoussante violente parfois le lecteur, permet à Baudelaire d’explorer les pouvoirs de la poésie. [Ouverture] C’est sans doute le symbolisme, dont Baudelaire est l’un des précurseurs, qui poussera encore plus loin cette alchimie du sens, au risque, parfois, de le rendre hermétique. L’or renvoie également à l’imaginaire et à l’idéal, voir à ce titre « Rêve parisien ». « Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve / Trouveront dans ce sol lavé comme une grève / Le mystique aliment qui ferait leur vigueur ? Travail exemplaire. Alchimie poétique : la boue et l’or. », il développe le sens de l’oxymore du titre qu’il a choisi pour son recueil et nous ouvre son laboratoire. Ces termes, « modestie », « humilité » et « magnifique », tous d’origine latine, pourront d’ailleurs faire l’objet d’une attention lexicale particulière : modus rappelle « le juste milieu et la mesure » ; « humilité » est formé à partir d’un radical qu’on retrouve dans l’humus, la terre. C’est une nouvelle invitation au voyage. ». Deux axes : la beauté d’objets méprisés, mis au rebut // la beauté de la modestie, des êtres humiliés. Les Fleur du Mal : alchimie poétique, la boue et l'or 30 Septembre 2019 « Tout enfant, j’ai senti dans mon cœur deux sentiments contradictoires : l’horreur de la vie et l’extase de la vie. Charles Baudelaire. En proposant aux classes de premières un parcours sur l’alchimie poétique, les nouveaux programmes se réfèrent bien sûr à la relation bien particulière que Baudelaire entretient avec sa ville, avec son Paris, son « vice vénérable étalé dans la soie », Paris sa « très belle », sa « charmante » qu’il interpelle dans l’« Ébauche d’un épilogue pour la deuxième édition des Fleurs du Mal » en 1861. (Poème 24, « Spleen et idéal »). Quand, les deux yeux fermés, en un chaud soir d'automne, - Je respire l'odeur de ton sein chaleureux, - Je vois se dérouler des rivages heureux - Qu' éblouissent les feux d'un soleil monotone. • La beauté auréolée : « La Beauté », poème 17, « Spleen et idéal », de Baudelaire en parallèle de Léopold Sédar Senghor, « Femme noire » tiré de Chants d’ombre. Une inspiration commune : la carcasse à corps ouvert. (dissertation sur Baudelaire et le parcours « Alchimie poétique : la boue et l’or ») Le critique Benjamin Fondane écrit : « Non seulement le poète descend dans le sous-sol humain où grouille un monde de stupre et de honte, mais il prend sur lui de montrer que le sous-sol peut donner des fleurs, que cheveu, boue, crasse peuvent aussi chanter. Baudelaire, B. L’alchimie poétique: faire de la boue, de l’or. TOP 10 des citations alchimie (de célébrités, de films ou d'internautes) et proverbes alchimie classés par auteur, thématique, nationalité et par culture. • Voir également les très nombreux articles consacrés à Baudelaire sur le site de l’École des lettres. Ponge est peut-être plus subtil et cherche à constater et mettre en valeur la beauté de ce monde même si elle semble banale. En amorce d’abord, une question à propos du Bœuf écorché de Rembrandt (1665) et de sa réécriture par Chaïm Soutine : Ces œuvres sont-elles belles ? Étalé largement sur la chaude fournaise, Il est aussi amené à constater comment l’art pictural par ses procédés propres dépasse l’objet représenté, comment l’artiste émaille le monde. La boue sous l’or. Apollinaire, Alcools – Modernité poétique ? Les champs obligatoires sont indiqués avec *. Les Fleurs du Mal (1857) de. Quelles seraient les caractéristiques d’une esthétique du mal ? Il l’invite près de son feu créateur, et à la chaleur de l’âtre, de « la chaude fournaise », ses mots l’accueillant, le mendiant se métamorphose. Rembrandt, «Bœuf écorché », huile sur bois, 94 x 69 cm, 1655 © Département des peintures du musée du Louvre. Couvrait l’âtre, et semblait un ciel noir étoilé. [Citation] Quand Baudelaire, dans l’appendice aux Fleurs du mal, écrit « Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or. Si le poète est à l’écart des hommes et malheureux dans un monde qui ne le comprend pas, c’est à lui qu’il revient de donner du sens à ce qui ne semble pas en avoir. « Le Poète est semblable au prince des nuées / Qui hante la tempête et se rit de l’archer ; / Exilé sur le sol au milieu des huées, / Ses ailes de géant l’empêchent de marcher. La beauté des rebuts. Là, les « riens » par la musicalité des mots et l’humour, sont magnifiés, « rendus grands » (de magnus « grand » et facio « faire, rendre ») et le poète « la main sur la charrue du vocabulaire », métamorphose le banal en quotidien sublimé, enluminé. – Soutine, Bœuf écorché (1925, huile sur toile, 202 × 114 cm, musée de Grenoble). Comme le sculpteur transforme une forme (la pierre, le bloc de marbre) en une autre (la statue) grâce à des outils, la poésie transforme une matière (la langue) en une autre (le poème) grâce à ses outils (le rythme, la cadence, la versification…). Laisse voir la pauvreté Tout pour réussir votre Bac.Annales  et exercices corrigés, fiches de cours :Cours Terminales générale et technologiqueCours Premières générale et technologique Cours SecondeCours Troisième. Le poète donne à voir ce changement par le prisme de la poésie. Comme un parfait chimiste et comme une âme sainte. C’est ainsi que le parnassien Gautier cherche un vers plus court que l’alexandrin, pour extraire encore plus de beauté : « Oui, l’œuvre sort plus belle / D’une forme au travail / Rebelle, / Vers, marbre, onyx, émail / Point de contraintes fausses ! » (Baudelaire, projet de préface, 1857). – « Ébauche d’un épilogue pour la deuxième édition des Fleurs du Mal » en 1861 : « Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or ». ». Le contraste de clair-obscur évoque les zones claires et celles d’ombre chères à Rembrandt : « Des feux sombres ou clairs rougeoient ». BAUDELAIRE, LES FLEURS DU MAL • Descriptif de séquence (à venir). On peut comprendre que le poète voit le monde autrement (Élévation, Correspondances…) et qu’il révèle la beauté au lecteur. Cela n’est pas sans rappeler le travail similaire d’alchimie poétique de Charles Baudelaire, qu’il résume dans l’épilogue pour la deuxième éditions des Fleurs du Mal : “Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or”. Rebut-er est bien cette action de « laisser de côté, en marge » un objet mais aussi une personne que l’on délaisse, que l’on dénigre. [Problématique] Nous verrons comment cette formule provocante permet de mieux comprendre l’esthétique baudelairienne. L’or de la boue. », Il recherche au contraire la violence du tragique : « Ce qu’il faut à ce cœur profond comme un abîme, / c’est vous, Lady Macbeth, âme puissante au crime / Rêve d’Eschyle éclos au climat des autans » (« L’Idéal »), Certains de ses poèmes vont même jusqu’à glorifier le sinistre : « Et le ciel regardait cette carcasse superbe / Comme une fleur s’épanouir. Le sang vital se traduit dans ce morceau de chair ensanglantée en antithèse avec l’évocation de la mort et ses froides nuances : « Et tout cela refroidit lentement à la nuit, à la mort. ), Joseph Wright, « Alchimiste découvrant le phosphore », huile sur toile, 127 x 101, 6 cm, 1771 © Derby Musueum and Art Gallery. Dont la robe par ses trous Le difforme. Poème 24, « Spleen et idéal », Fleurs du Mal (1857). Par dérision, salir le beau : « Vénus Anadyomène », d’Arthur Rimbaud. » (L’Ennemi). Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. • Piste d’étude lexicale : le beau, le « magnifique » ; le rebut, l’expression de la laideur : « macabre », « morbide », « le difforme », « le monstre et le monstrueux », « affreux » ; le modeste : « prosaïque », « quotidien » et « humilité ». La poésie comme la peinture aiguise, on le voit, non seulement le sens visuel de son lecteur mais aussi son ouïe et son odorat. ► La beauté des objets méprisés, une poésie de la modestie sublimée. « Les pauvres gens », « L’inspiration », « La mouche », « La main à la plume ». Piqué de mille trous par la lueur de braise, Saisissez le mot de passe qui accompagne votre courriel. Dans une dissertation en trois parties, faites attention à ce que votre troisième partie ne soit pas trop générale, mais continue bien à traiter le sujet. Le poète lui rend hommage dans des blasons (Clément Marot) ou dans des poèmes qui célèbrent la femme et qui chantent l'amour (Ronsard, Du Bellay). Ô vous ! • Mots clés associés : Alchimie / Charogne et carcasse / Memento Mori / Carpe diem / Spleen et idéal. Dans la boue se trouve l’or. Baudelaire avait comme ambition, selon ses propres mots, de transformer la « boue » en « or ». Les modèles choisis par Queneau sont « La Mouche » qui porte le titre d’un poème, « l’œuf de la poule » dans « Inspiration » ; « les vaches les brebis les biques » ou « les latrines » dans « La Main à la Plume » sont issus de la terre, volontiers prosaïques, appartenant à ce qui est bas, mais côtoient « sextines », « métonymies et métaphores » dans cet art poétique. Cet alexandrin renvoie à l’acte poétique, l’opération de métamorphose, transmutation, sublimation, amélioration… Cette transformation de la boue en or renvoie à une forme d’alchimie. – « À une Mendiante rousse », poème 88, « Tableaux parisiens », Fleurs du Mal. Le poète, alchimiste de la douleur et de la laideur 2. Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal. Car j’ai de chaque chose extrait la quintessence, I Réflexions sur « Alchimie poétique : la boue et l'or » II L'œuvre au programme A L'auteur : Charles Baudelaire (1821−1867) B L'œuvre : Les Fleurs du Mal, 1857 (1re édition) ; 1861 (2e édition) III Textes-clés A « L'Albatros », 1861 B « Une charogne », 1857 C « À une mendiante rousse », 1857. Références de Charles Baudelaire - … Le poète raconte que le mendiant « désolé », attaché à la solitude de sa condition, « s’approcha du feu » ; ce mouvement déclenche la métamorphose, la transfiguration du misérable en porteur d’étoiles prophétiques, son haillon se transforme en ciel constellé : « Son manteau, tout mangé des vers, et jadis bleu, En choisissant « Un mendiant » au livre V Des Contemplations (1856), Hugo se met « En Marche » et réhabilite à son contacte un « résidu » de l’humanité. – Texte 2. » (Lettre de Baudelaire à sa mère, le 9 juillet 1857). Tout le travail du poète, et l’ambition de Baudelaire, est bien de donner du sens à ce qui n’en a pas. Cette liste comporte des termes inspirant le dégoût, comme « rognure », « ramas », « ordure », « balayure » mais encore « reste », « déjection » et « saleté ». Chaïm Soutine, « Carcasse de bœuf », vers 1925. Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or. Pourquoi ? Classé dans La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle, La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle, Première, voie générale, voie technologique. Le mal présente la double figure de la Débauche et de la Mort offrant « de terribles plaisirs et d’affreuses douceurs » (« Les deux bonnes sœurs »). La littérature d'idées, du XVIe au XVIIIe siècle, Le roman et le récit, du Moyen Âge au XXIe siècle, Réussir l'épreuve écrite et l'épreuve orale, "Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or. 2019-2020. Comme après un cadavre un chœur de vermisseaux » » Ce dernier quatrain de « L’albatros » explicite la conception de Baudelaire. Aussitôt, sinon la rouille, du moins d’autres réactions chimiques se produisent, qui dégagent des odeurs pestilentielles. Rimbaud, dans sa lettre à Demeny (1871) veut que le poète soit « vraiment un voleur de feu » tel Prométhée allant voler aux dieux le feu qui éclairera et nourrira les hommes, au propre et au figuré. C’est un recueil datant de 1967 dans lequel le poète explore un monde peuplé de petites gens, des « Pauvres Gens », parlant « de la vie des porcs et de leur mort », jouant de la rime interne et des échos que crée en nous l’évocation d’objets prosaïques et simples ; c’est un art poétique de la modestie, de l’humilité rendue magnifique par le pouvoir libérateur des sons. « Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or. Je pense qu’on peut parler d’alchimie (« transformer l’ordinaire en significatif ») poétique dans les deux cas. Dans la boue se trouve l’or. Définition de l’alchimie, liens entre poésie , science et magie. – « Un voyage à Cythère », Les Fleurs du Mal. Dès lors, on pourra montrer aux élèves quelle affinité particulière le poète moderne et contemporain entretient avec les marginaux désolés et esseulés. Inscrivez-vous gratuitement pour accéder aux contenus et ► Baudelaire, dans l’appendice aux Fleurs du mal, écrit : « Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or. Pour Baudelaire, le monde offre des déchets, des débris, des résidus en zones de bas-fond, comme cette, « Blanche fille aux cheveux roux, J’aime beaucoup la manière d’illustrer Baudelaire qui à mon sens parle essentiellement par images. Enregistrer mon nom, mon e-mail et mon site dans le navigateur pour mon prochain commentaire. Dans le projet d’épilogue, la poésie présente cette vertu alchimique de transfigurer la « boue » en « or », la laideur en beauté, et peut-être même le mal en chose « sainte » : débarrassé de ses scories, le réel livre son essence pure, heureuse, précieuse. Tout comme dans le poème « Une Charogne » tiré de « Spleen et idéal ». La boue et l'or comme beauté et laideur La femme aimée et sa beauté sont une source traditionnelle d'inspiration poétique. Angles culturels. La boue et l’or : C’est à dire, ce qui est sale, collant, informe (mais lié à la terre) et ce qui a de la valeur, ce qui brille. Ainsi, à travers des œuvres picturales, photographiques et poétiques, le parcours associé proposé aux élèves va s’attacher tout d’abord à examiner cette conviction baudelairienne : la laideur et le rebut sont sources d’inspiration et de révélation poétique, au même titre que la beauté. ton regard infernal et divin, / verse confusément le bienfait et le crime » (« Hymne à la beauté »). Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. ", 1re Générale - 1re ST2S - 1re STI2D - 1re STL - 1re STMG, Baudelaire, Les Fleurs du mal – Alchimie poétique : la boue et l’or >, La poésie : histoire littéraire et outils d’analyse, Hugo, Les Contemplations – « Les Mémoires d’une âme », Baudelaire, Les Fleurs du mal – Alchimie poétique : la boue et l’or. Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal. [Citation] Quand Baudelaire, dans l’appendice aux Fleurs du mal, écrit « Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or. Les morceaux de chairs sont des « moulins et pressoirs à sang », et prennent des reflets aux couleurs aussi chaudes que chez Soutine. Classe de 1 ère générale . Parcours associé : Alchimie poétique : la boue et l’or; Il y a quelques semaines, j’ai décidé de proposer à la classe de Première Générale 8 du Lycée en Forêt le sujet de dissertation suivant : « Transmuer la misère en bonheur – grâce à l’or – voilà le grand, l’incroyable et mystérieux coup d’alchimie. – « Les Aveugles », poème 92, « Tableaux parisiens ». ». Elle se glisse dans la section « Spleen et Idéal » sous la forme du spleen, ce mal qui ronge le poète et qui empêche toute action et toute élévation (voir les quatre poèmes intitulés « Spleen »). Quelle dialectique peut-on établir entre l’or et la boue ? • Extraits étudiés (à venir). – Texte 1. C harles Baudelaire , Les Fleurs du mal. « Alchimie poétique : la boue et l’or » - contextualiser / problématiser "La boue et l’or" Origine de la formule La formule trouve son origine dans l’ébauche d’une pièce de vers associée au projet de préface pour la deuxième édition (1861) que Baudelaire s’occupa de préparer au lendemain de son procès. Alchimie poétique : la boue et l'or Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire + Parcours associé. Baudelaire y remémore à son amante, sa beauté, à son « âme » un spectacle contrasté : « Le soleil rayonnait sur cette pourriture », « Et le ciel regardait la carcasse superbe ». Ces rebuts qui émaillent le monde. Qu’est-ce qui rend une œuvre magnifique ? ► Au cœur de la Beauté, les traces du macabre et du morbide. parcours de révisions. En effet, pratiquée en Égypte alexandrine, puis dans le monde … Sont possibles toutes sortes d’analogies entre le poète et ces figures solitaires, parfois monstrueuses ou macabres, toujours rejetées, parce que ces images pathétiques éveillent non seulement notre compassion, donc des sentiments nécessaires à l’élévation, vitaux, mais surtout se tiennent au seuil d’un monde surnaturel ou mystique que le poète se propose de nous faire franchir grâce à l’écriture poétique. Dans très peu de jours, vous aurez votre paquet, et le dernier morceau ou épilogue, adressé à la ville de Paris, vous étonnera vous-même, si toutefois je le mène à bonne fin (en tercets ronflants) ». Sont-elles laides ? Pour finir ce parcours, les élèves pourront arpenter sous forme de groupement de textes des poèmes de Raymond Queneau extraits de Battre la campagne. Car j’ai de chaque chose extrait la quintessence. [Annonce du plan] Nous commencerons par étudier la présence du mal dans le recueil [I], puis nous nous demanderons ce qui fait la beauté du mal et provoque à la fois fascination et répulsion [II] ; enfin, nous verrons que cette transmutation presque alchimique que suppose la formule baudelairienne est le propre de toute poésie [III]. Un parcours associé Tu m’as donné ta bous et j’en ai fait de l’or ». Dans « Allégorie », une prostituée « femme belle et de riche encolure / Qui laisse dans son vin traîner sa chevelure », par sa beauté et sa fierté l’emporte sur la Débauche et la Mort : elle est présence (et victoire) de la beauté dans le monde du vice. – Victor Hugo, Les Contemplations, livre V, En marche, 1856. • Outils de révision : poèmes essentiels à connaître et fiche de citations (à venir). LA POESIE DU XIXème au XXIème. quand le dégoût inspire. Le parcours associé invite alors à se questionner sur les lieux et les manières dont s’opère cette métamorphose au cœur de l’œuvre d’art. Merci beaucoup pour ce travail éclairant ! « Ce livre, dont le titre Fleurs du mal dit tout, est revêtu, vous le verrez, d’une beauté sinistre et froide ; il a été fait avec fureur et patience.